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Mad de Madagascar
30 juin 2008

Rencontre avec Ranaivo

ranaivo1_smallJ'ai eu le plaisir de rencontrer Sonia "Ranaivo" chez des amis. On a discuté et avant de partir, mes amis m'ont prêté deux de ses livres. Je les ai lu tous les deux. Je vais commencer à vous donner mon point de vue sur le premier intitulé :" L'amitié de Dieu au pays des rizières" (Edition JFR - Collection Lumières de Clermont - Décembre 2000).

1ère remarque.
Si vous cherchez à l'acquérir, je ne sais pas si c'est possible...(;=).
L'éditeur est réunionais et je ne suis pas sur que le nombre d'exemplaire soit très important. De plus, je pense qu'il doit être épuisé. Je n'ai pas trop compris qui édite. Sur la couverture "Editions JFR" - A l'intérieur "Editions Grand Océan".
Clermont ...c'est un domaine à la Réunion et non la ville dans le Massif Central.
Cet ouvrage a eu une mention spéciale du Prix de poésie d'inspiration religieuse ou philosophique du Grand Océan en 2000.

2ème remarque.
Le titre n'est pas le même à l'intérieur du livre ou plus précisément un sous-titre y est ajouté, cela donne : " L'amitié de Dieu au pays des rizières sans moineaux"

Et le contenu ?

1/ Je ne connaissais pas l'expression "sans moineaux" équivalente en français à "sans lézards"...Etrange..
Les lézards, les failles dans la pierres sont source de catastrophes à venir, on comprend..mais les moineaux que font-ils ? Ils picorent la nourriture ? Si un malgache a une explication, je suis preneur dans un commentaire.

2/ Le livre raconte la confrontation, l'antagonisme (mais aussi leur similitude ou complémentarité) entre la religion des blancs (vazahas) et le Dieu des malgaches Zanahary (Dieu Créateur) ou encore Andriamanitra (Dieu parfumé).

3/ J'ai retenu quelques grandes différences.

Paradis ?

- Chez les chrétiens, le paradis n'est pas de ce monde...Grosso modo la vie est dure mais la joie et le plaisir seront dans l'au delà. La cassure entre la vie et la mort est forte même s'il y a une vie après la mort.
Il y a la résurrection !

- Chez les malgaches traditionnelles, c'est sur terre que l'on cherche du bonheur et son plaisir, après on devient un ancêtre influent à côté de Zanahary... Mais le présent compte beaucoup. On vénère les morts car ils sont influents et présents ..ils peuvent hanter, influencer.. "Pour un malgache, le plus important est de résoudre les problèmes qui se posent à lui pendant la vie terrestre".
Il n'y a pas de résurrection ! Le mort devient Ancêtre ! L'âme des morts peuvent habiter des arbres, des rochers, des crocodiles etc. Le monde des morts et des vivants est uni. Cela peu créer des interdits, des fady. Ne pas toucher, ne pas monter ...

Après, avoir cherché toute la journée un super repas et n'avoir trouvé que du pain, le vazaha (blanc) pestera de son sort mais espérera mieux dans l'eau delà. Le malgache résolu, fataliste (c'est comme ça ! Izay no lahatra) se contentera de ce qu'il a et  sera content d'avoir au moins trouvé du pain...
Le bonheur est au quotidien si on n'en demande pas trop ...

Richesse matériel ?

- Chez les chrétiens, il est plus difficile aux riches qu'aux pauvres d'aller au paradis. L'argent tend à pervertir le cœur.
- Chez les malgaches, on ne peu séparer réussite matérielle de la réussite spirituelle. La réussite matérielle ne suffit pas pour satisfaire l'homme.. tôt ou tard, il y a un peu de mystique, de contact avec un ancêtre bien pensant... Presque tous les malgaches ont une forte spiritualité...intérieure.. prient..se concentrent..

Le rapport au temps ?

Ah le pays du Mora-Mora..

- Chez les chrétiens, on prend son temps surtout le dimanche. Un temps fort de la spiritualité  (cette notion n'est pas dans le livre, je l'ajoute)

- Chez les malgaches, le temps est inépuisable... beaucoup de choses avec le temps apaisent les tensions. S'il n'y avait pas ce rapport spirituel au temps, beaucoup de choses se seraient terminées en conflit.. Le magache est assez pacifique en comparaison de ce qu'il endure ..."L'intensité de leur vie intérieure multiplie leur chance de réussite et de bonheur"

Ce qui a rapproché les deux religions :

- la recherche de Dieu, la foi, le Dieu des pauvres des Chrétiens, etc.

Ce serait encore long et sans doute fastidieux de continuer. Il y a aussi une partie qui parle des philosophes qui m'a semblé moins dans la logique de construction du livre.

On apprend dans la conclusion, par le biais d'un poême, l'histoire de la vie de Sonia...Son grand-père, Diacre respecté, meurt lorsqu'elle est jeune.. départ en France à Nanterre..retour à Mada..
En bref, des chocs émotionnels, une double culture, de quoi s'interroger sur le sens de la vie, la religion...
Le livre possède 83 pages, il est facile à lire et agréable. Il reste à la hauteur de ses ambitions... comme un ballon poétique de questions et réponses, sans être un corpus théorique très pointu et austère.

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